Tonioù Binioù
Hervé Le Menn – 1942
La première méthode de biniou et bombarde est l’œuvre d’Hervé Le Menn [1899-1973], sonneur de Hanvec, créateur en 1932 à Paris de la Kenvreuriez ar Viniouerien première association de sonneurs bretons. Tonioù Binioù est publié en mars 1942, aux éditions Henry Lemoine à Paris avec l’aide du musicologue Georges Arnoux [1891-1971] qui signe l’introduction et de Xavier de Langlais [1906-1975] qui réalise l’illustration de la couverture. C’est un petit recueil de quarante six airs pour biniou précédés d’un doigté de bombarde et de biniou. Cette méthode comme l’indique Georges Arnoux dans son introduction est destinée à la jeune école bretonne, l’ancien petit biniou, suraigu, difficilement juste est abandonné. L’association voudrait promouvoir un nouveau biniou, proche du bagpipe écossais, comme le montre l’illustration de la couverture. Il faut ajouter qu’Hervé Le Menn est aussi luthier amateur, il tourne dès 1925-30 des cornemuses écossaises en prenant modèle sur une Glen d’Édinburgh, célèbre famille de luthier d’Écosse.
La KAV, sous l’impulsion de Georges Arnoux, écrit ses partitions pour des instruments en « La ». L’association adopte dès le début le doigté écossais. A remarquer aussi, la tablature de la bombarde, qui a pour particularité d’indiquer une clef d’octave, alors qu’il ne semble pas avoir existé d’instrument possédant cette clef !
Skol ar Biniou
Dorig Le Voyer – 1943 (1er version)
En mai 1943, Dorig Le Voyer [1914-1987] publie Skol ar Biniou, sur le même principe que la méthode de la KAV, mais plus élaboré dans sa réalisation. Il s’agit d’un recueil d’une vingtaine d’airs, précédés d’un doigté pour les deux instruments. L’introduction est signée cette fois du compositeur breton Paul Le Flem [1881-1984]. Ce livre très rare aujourd’hui, ne semble avoir été tiré qu’à un petit nombre d’exemplaires. La couverture dessinée par l’auteur, il a été un élève de l’école des Beaux Arts, montre un Biniou Nevez (Nouveau). C’est l’instrument que Dorig Le Voyer veut développer, précisons qu’il était aussi luthier professionnel, depuis quelques années. Dans son introduction Dorig explique sa démarche. Partant du constat que le biniou ancien est en perte de vitesse, il pense qu’avec ce nouvel instrument proche du bagpipe écossais, la musique bretonne va connaitre un souffle nouveau. Et, comme pour se justifier, Dorig signale la similitude entre son Biniou Nevez et la veuze guérandaise. Le Biniou Nevez est une cornemuse à deux bourdons : un basse et un ténor et un chalumeau à doigté progressif dit « ouvert » différent de l’écossais « semi-ouvert ». Ce doigté est le même que celui du biniou traditionnel, que l’on commence à appeler biniou kozh (vieux) ou biniou bihan (petit) à cette époque.
Cette méthode est réalisée pour une tonalité de Sib, que Dorig et la futur Bodadeg Ar Sonerion (B. A. S.) arriveront à imposer rapidement aux sonneurs bretons. Cette différence de tonalité entre la K. A. V. (en La) et la B. A. S. (en Sib), sera un des points de désaccord entre les deux associations. Comme dans toutes méthodes, Dorig publie une série d’exercices, suivie d’un répertoire de 17 airs, constitué de treize danses, trois marches et une mélodie. Dans cette édition, il n’est pas fait mention de la toute nouvelle association de sonneurs Bodadeg ar Sonerion (B. A. S.) dont l’idée nait en octobre 1942. Si les statuts de l’association ne sont déposés qu’en 1946, la première prestation publique se fera le 23 mai 1943 à Rennes.
Skol ar Biniou- 1949/50 (2e version)
Dorig entreprend dans Ar Soner, revue de la toute jeune l’association Bodadeg Ar Sonerion, la publication d’une nouvelle version de son Skol ar Biniou, dès le n° 5 en juillet 1949, jusqu’au n° 14 en Juillet 1950. Dans cette nouvelle version, il n’est plus fait mention du Biniou Nevez, qui est remplacé par le Biniou Braz (Grand). Le Biniou Braz reprend les caractéristiques du Biniou Nevez, la différence étant l’ajout d’un deuxième bourdon ténor. Ce nouvel instrument est semblable à la cornemuse écossaise dans sa forme, la différence étant dans le doigté du chalumeau, Dorig restant fidèle à son doigté progressif.
Tablature leviad biniou kozh – 1950
L’avant dernier chapitre est consacré au biniou kozh, trois pages sur un ensemble de 50 ! A noter, dans le dernier chapitre (juillet 1950), la présentation d’un nouvel ensemble le « Bagad-Sonerion », qui deviendra rapidement le « Bagad », constitué de trois pupitres : binious, bombardes et tambours. Le bagad, qu’il ne faut pas appeler « clique », défile à l’origine avec les percussions en tête et marche au pas.
Skol ar Biniou – 1951 (3e version)
Cette troisième version est publiée en novembre 1951. Elle reprend, sans grand changement, la série d’articles parus précédemment dans Ar Soner.
Traité élémentaire destiné aux sonneurs de Biniou
Émile Alain – 1955
Après de nombreuses polémiques, changement d’attitude à la direction de la B. A. S., Émile Alain publie en octobre 1955 son « Traité élémentaire destiné aux sonneurs de Binious ». Né à Saint-Nazaire en 1926, Émile Alain découvre la cornemuse, une Hervé Le Menn, à Anger où il fait ses études de droit pendant la guerre. A la libération il fera carrière à la mairie de Nantes, jusqu’à être un des secrétaires généraux de la ville. Il est à l’origine de l’ensemble de binious et bombardes du 71e régiment d’infanterie de Dinan, où il faisait son service militaire en 1947. C’est le premier rassemblement de sonneurs d’après-guerre. A cette époque, le mot bagad n’est pas encore en usage. Revenu à la vie civile, il fonde la Kevrenn Naoed en 1951. Il est parmi les premiers réclamer l’utilisation du bagpipe (cornemuse écossaise), dont il a appris les rudiments du jeu lors d’un voyage de BAS en Irlande, en 1953, au détriment du biniou braz qui est réalisé par Dorig Le Voyer, fournisseur exclusif de la B. A. S. Sa méthode, très complète de 70 pages, présente : le doigté, une série d’exercices progressifs, quelques ornementations ainsi qu’une vingtaine d’airs (marches, mélodies et danses). Cette méthode aura un grand succès, il semble qu’elle soit réédité et augmenté en 1965, puis réédité une nouvelle fois en 1977. Je ne possède pas ces deux dernières éditions.
École de Bombarde
Jean L’Helgouach – 1956
De formation classique, premier prix d’alto, Jean L’Helgouach (1933-2000) archéologue et chercheur au CNRS est aussi sonneur de bombarde. On lui doit la formation d’Evid Koroll, ensemble issue du Cercle Celtique de Rennes, ancêtre du mouvement folk, dans les années 1950. Ancien Pen Soner de la Kevrenn de Rennes, il devient dans les années 1960, par ses compositions et ses créations très important à la B. A. S. Préfacée par Jef Le Peven, cette méthode est très classique dans sa forme. Après une courte présentation de l’instrument, l’auteur indique le doigté avec une tablature en Si bémol. Des exercices progressifs sont présentés, pour l’assouplissement du doigté. Pour terminer l’auteur donne quelques airs, extrait principalement du recueil de Maurice Duhamel. Les deux méthodes d’Emile Alain (cornemuse) et Jean L’Helgouah (bombarde) publiées simultanément sont principalement destinées à la formation d’une nouvelle génération de sonneurs, jouant alors dans les bagdou, nouvelle formation créé avec succès une dizaine d’années plutôt par la B. A. S.
Dasson ar C’Horn Boud
Méthode complète et progressive de Biniou Ronan Grubert – 1960
Sonerien daou ha daou Méthode de biniou et de bombarde
Yves Castel – 1980
Cette méthode est la première et surtout la seule, avec sa réédition en 2008, consacrée au couple biniou et bombarde. Mais s’agit-il vraiment d’une méthode ? L’auteur, Ifig Castel, chanteur et sonneur originaire de Saint-Nicolas-Du-Pélem (22), est un passionné de culture bretonne. Dans cette première édition, on trouve la présentation des instruments, des anches, l’entretient et, dans une deuxième partie l’histoire du couple et des différents terroirs bretons sont expliqués. Ce n’est qu’après cette longue présentation que l’auteur aborde la partie musicale : pincer une anche, les ornements, les doigts, le jeu en couple… et de conclure avec une bibliographie et surtout une discographie critique permettant ainsi aux jeunes sonneurs de retrouver des enregistrements de référence. Pas de tablature, pas de partition, pas d’exercice, Ifig cherche avec ce petit livre une méthode la plus proche de la tradition, sans solfège, à l’écoute des anciens. Comme le dit l’auteur : « on n’est pas sonneur dès que l’on a soufflé dans une bombarde ou biniou »
Méthode pour bombardes
Pascal Rode – 1991
En 3 volumes, assez difficile à trouver aujourd’hui
Nouvelle méthode de cornemuse écossaise ou biniou braz
Jean-Luc Le Moign 1995-1998
Jean-Luc Le Moign, ancien de la Kevrenn de Rennes et enseignant de cornemuse à l’école de musique de Lorient, publie entre 1995 et 1998 une Nouvelle Méthode en trois volumes qui reste aujourd’hui la méthode « officielle » de la B. A. S. A remarquer le titre qui reprend le terme « biniou braz », instrument développé par Dorig Le Voyer dès la fin des années 1930 et abandonné à la fin des années 1950.
Théorie et pratique de la Cornemuse
Xavier Fleurent – 1996
Édité chez Liv’edition : L’essor de la cornemuse et l’exigence croissante de sa technique ont amené l’auteur à concevoir une méthode plus actuelle. Les sonneurs manquaient en effet tout à la fois d’exercices spécifiques et de créations originales s’inscrivant dans le cadre de l’évolution de leur instrument en Bretagne. C’est pourquoi cet ouvrage clair et progressif, composé de 14 leçons théoriques et de 12 leçons pratiques, permettra. tout sonneur de travailler sa technique et se révélera très vite l’indispensable compagnon de nos bagadoù.
Méthode de Bombarde
Padrig Sicard – 1999
Deux couvertures différentes pour une même méthode publiée en 1999 et toujours disponible aux Éditions Alain Pennec. Padrig Sicard sait de quoi il parle, ancien du bagad Bleimor, il a accompagné Alan Stivell dans les années 1970, multi-instrumentiste il joue aussi du violon avec les Sonerien-Du dans les années 1980. Cette méthode est très (trop !) classique pour un instrument de musique traditionnel, nécessite d’avoir en parallèle de bonne connaissance de solfège. Est très utilisée aujourd’hui dans les écoles de musique.
Bombarde et Biniou Les secrets de la vie de couple
Ifig Castel – 2008
Il était l’auteur du premier ouvrage sur le biniou koz dans les années 70, Yves (Ifig) Castel a rédigé en 2008 une très belle méthode de bombarde-biniou : 128 pages d’explications sur le jeu de ce couple d’instrument. Si beaucoup de méthodes instrumentales se résument à une suite de partitions, celles-ci n’occupent ici qu’un chapitre (36 mélodies) et chaque air fait l’objet d’un commentaire. Et si la plupart des méthodes sont d’une présentation austère, celle-ci est un album très joliment illustré par les photos de Gilbert Le Gall.
Bombarde, mode d’emploi
Gerdran Modut
Plus qu’une méthode traditionnelle de bombarde, Bombarde, mode d’emploi est un recueil de conseils pour bien débuter la bombarde, sans solfège, dans le but d’aider à l’auto-apprentissage de cet instrument puis éventuellement de passer en douceur au biniou. Sur plus de 200 pages, l’auteur d’écrit avec précision, l’instrument, son jeu, sa technique, l’ensemble est très juste. Cette méthode ou « anti-méthode » comme l’auteur la qualifie lui-même, est proche de celle d’Ifig Castel dans l’approche de l’instrument.
« Ce document s’inscrit dans une optique d’autoformation dans le but de devenir un sonneur plutôt orienté vers la musique de couple qu’un sonneur de bagad, et donc en laissant volontairement de côté le solfège. »
Visiblement l’auteur, Gerdran Modut (?), apprécie que très moyennement la musique des bagadou !
En téléchargement GRATUIT
Fête de Cornouaille à Quimper, début des années 1950 Deux sonneurs du bagad des cheminots de Carhaix (Paotred an Hent-Houarn), qui sonnent l’un du biniou braz (reconnaissable au doigté ouvert) à trois bourdons et le plus jeune sur une cornemuse pour enfants, à un seul bourdon, deux instruments réalisés par Dorig Le Voyer.
bonjour sur la méthode d’Hervé LeMenn sur la tablature bombarde avec clé d’octave ,je possède une bombarde KAV 1934 avec clé d’octave donc il y a bien un exemplaire de cette bombarde … mais pas facile a trouver des anches
Vous êtes précis, une bombarde de 1934. Avez-vous des infos ?
Anches, une anche actuelle du genre Le Noan ne marche pas ?
Pourriez vous m’en faire parvenir des photos de cette bombarde.
Merci
Kristian Morvan
BONSOIR si vous avez une adresse mail pour l’envoi des photos de la bombarde ?merci beaucoup cordialement pascal
Pour me contacter : kr.morvan@laposte.net
bonsoir je vous ai envoyer les photos sur votre mail mais celui me reviens en problème de réception
Fichier trop volumineux ?
essayez avec : kristian.morvan@gmail.com
merci pour cette page très instructive, je vais pouvoir progresser dans ma technique grâce a de nouveaux doigtés dont j’ignorais l’existence…
Bonjour
J’ai un exemplaire de cet ouvrage.
Alan LOZAC’H
Les 2 méthodes d’Ifig Castel se complètent bien – la première donne surtout envie de creuser par soi-même, et c’est là sa force, en conformité avec l’enseignement traditionnel. La deuxième est plus conforme aux critères d’aujourd’hui, et fort riche sur les techniques.
Pour qui ne souhaite pas se coltiner des partitions et de la théorie musicale, c’est idéal, mais seule la deuxième méthode se trouve aujourd’hui…
Comme mon VDD, bravo pour ce site !
PS: Binvioù Kozh existe-t-elle toujours? Je n’en ai trouvé trace sur le net…
Merci pour le commentaire
Je n’ai pas de nouvelle de l’association Binvioù Kozh, qui reste discrète.
Kristian M
Bonjour à tous,
Concernant la clé d’octave sur les bombardes Le Menn, on voit nettement sur un film ( lequel? Pont l’abbé fête du parti?) la bombarde d’un des sonneurs avec clé. Il y a eu aussi je crois un lévriad petit biniou avec trou d’octave.
Salut,
Effectivement, dans un film de 1938, Breiz Nevez (fête du parti communiste à Pont-l’Abbé), http://www.cinearchives.org/Films-447-61-0-0.html
on voit bien un sonneur de la KAV avec une bombarde possédant une clé d’octave. J’ai vu plusieurs bombarde de la KAV, mais jusque maintenant pas une avec cette clé.
http://wp.me/a3Qm9g-la
« A remarquer le titre qui reprend le terme « biniou braz », instrument développé par Dorig Le Voyer dès la fin des années 1930 et abandonné à la fin des années 1950. »
Pour ma part, j’ai commencé à en jouer, selon cette méthode, vers 1967 jusqu’en 1976 dans mes 2 bagadou hors Bretagne. Et depuis 3 ans que j’ai « repris », j’ai beaucoup de difficultés à m’en défaire (formation initiale quand tu nous tiens ! …)
Par ailleurs, toutes mes félicitations pour ce site super bien construit, écrit et documenté.